 Rose Valland - Conservatrice de Musée, résistante (1898-1980)
Issue d’un milieu relativement modeste, Rose Valland suit des études très poussées à une époque où peu de femmes se lancent dans un cursus universitaire, accumulant les diplômes : École normale d’institutrices de Grenoble, École des beaux-arts de Lyon puis de Paris, École du Louvre, École pratique des hautes études… Cette femme brillante réussit tout ce qu’elle entreprend. Elle intègre le Jeu de Paume, centre d’art et lieu d’exposition, dans les années 30 en tant qu’attachée de conservation bénévole ; elle ne sera nommée conservatrice des musées nationaux qu’en 1952, à l’âge de 53 ans.
Entrée en résistance Restée à son poste en 1940, à sa demande Rose Valland va enregistrer, aussi précisément que possible, le mouvement des œuvres qui passent par le musée, après avoir été enlevées aux familles juives déportées ou ayant fui, et aux collections publiques.
Ce travail, effectué en toute clandestinité, préfigure le début d’une vaste entreprise de restitution, toujours en cours actuellement… De 1940 à 1944, elle parvient à cacher son activité aux nazis, avec qui elle a pourtant des contacts réguliers et quotidiens. Ils utilisent le musée du Jeu de Paume comme dépôt central des œuvres spoliées aux familles juives, et parfois aux collections publiques avant de trier et d’orienter les œuvres vers différentes destinations en Allemagne, en Autriche et en Europe de l’Est. Pendant le pillage nazi, Rose Valland relève discrètement et aussi précisément que possible, les mouvements des œuvres qui transitent par le musée du Jeu de Paume, le nom des victimes spoliées, le nombre d’œuvres, leurs destinations, le nom des agents chargés des transferts, le nom des transporteurs, les marques et écritures sur les caisses, les numéros et les dates des convois, sans oublier le nom de l’artiste, de l’œuvre et ses dimensions.
Elle fournit des informations essentielles et détaillées à la Résistance, sur les trains transportant les œuvres, afin que ces convois soient épargnés par les résistants et communique les noms des dépôts allemands et autrichiens, afin d’éviter les bombardements, de les sécuriser et de faciliter la récupération des œuvres entreposées. Si elle avait été surprise, elle aurait été arrêtée sur-le-champ et sans doute exécutée.
À la Libération, Rose Valland obtient le grade de capitaine dans l’Armée française, elle devient « l’agent de liaison » pour le gouvernement français et part elle-même chercher des œuvres sur le terrain, jouant un rôle central dans la récupération de près de 60 000 œuvres, dont 45 000 environ seront rapidement restituées à leurs légitimes propriétaires.
Pour aller plus loin…
 Radio France a consacré une série de podcast à cette héroïne de l’ombre.
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